Le psychanalyste Gérard Pommier écrit dans « le corps angélique de la postmodernité » :
"Notre ange, c’est cette part de nous chassé par nous, c’est pourquoi nul ne peut le voir.Nous l’avons refoulé et il s’est dissipé dans les bleuités de l’idéal. « Bleuités » ! Quelle jolie expression, bien digne d’un poète ! Mais le poète est un assassin qui s’ignore : sa littérature, c’est ce trait de plume qui subsiste après l’envol d’un ange "
Il en va du même d’un peintre et Sorne, utilisant le titre du film de Wim Wenders part à coup de pinceau à l’assaut d’une retrouvaille, celle de l’ange en soi toujours à jamais déjà perdu.
La prédominance des couleurs primaires vise à rendre compte de la profonde proximité discordante qui unit la matérialité des corps aux anges. Le mélange des couleurs primaires ouvre le chaud abîme du noir quand les ailes des anges sont habituellement d’un blanc signant la pureté ; le jeu de la peinture comme celui du désir va de l’un à l’autre, noir blanc chaud froid et le peintre se trouve ici confronté à la gageure de représenter cette si pesante légèreté.